Il faut avouer que toutes ces onze années de retard sur la construction du bel EPR leur avaient bien facilité la tache.
Trois personnes suffirent à faire fonctionner le système. Le préparateur, se chargeait de la préparation. Le rôle du livreur était de livrer. Quant à l’installateur, il installait. Chacun son job, chacun sa routine. Avec, toutes les trois semaines, une petite réunion de chantier pour se féliciter.
Ils avaient prévu sept points d’impact. Avec le temps, ils ont pu en préparer onze ! Un par an ! Pour une fois, le mieux était l’ami du mal.
L’idée était fort simple : une charge explosive, un détonateur, une batterie et une minuterie réglée sur … des années plus tard ! Chaque ensemble fut disposé en quelques points stratégiques habilement choisis sur des cibles dites secondaires : transformateurs, piscines et autres alimentations.
Six années passèrent après l’inauguration en grande pompe de la centrale. Tout semblait calme en ce 25 Décembre 2022. Mais à minuit précisément, tous les détonateurs on grésillé de concert. Paf ! En quelques jours, la centrale a pété, le cœur a chauffé, puis fondu, et les becquerels se sont envolés.
(Allegro ma non troppo)
Sorciers, sorcières
Amis du nucléaire !
L’EPR s’est transformé en pétaudière
Et Flamanville en ville-lumière
De Trouville à Vierzon
Grosse promo sur le poison
D’abord des démangeaisons
Puis bras et jambes à foison
Dans les pouponnières
On fait de l’art topiaire
Amis du nucléaire
Jamais vu tel bestiaire
Après les morts est venu le temps des malformations et depuis, dans un rayon de mille kilomètres autour de Flamanville, on croise souvent des hommes-poulpes qui, malgré le froid, déambulent tout nu.
Trois bras, cinq pieds, six pouces, quatre jambes, sept mains, ou bien l’inverse, pas facile pour s’habiller !